
Les marchés internationaux sous forte pression
Les marchés laitiers internationaux restent sous pression. En octobre, la valeur des matières premières laitières de Kiel a reculé de -5,4 ct, passant ainsi sous la barre des 40 ct. L’indice Global Dairy Trade a également enregistré un recul de -2,4 % début novembre. Cette chute des prix est principalement due à la forte baisse des prix des matières grasses laitières, tandis que la poudre de lait écrémé reste globalement stable à un niveau très bas.
L’UE particulièrement touchée
La baisse des prix est actuellement particulièrement marquée dans l’Union européenne, en raison notamment d’un volume très élevé des livraisons de lait à travers toute l’Europe. Ces volumes supplémentaires ne trouvent pas preneur sur les marchés habituels. En Allemagne, par exemple, le lait peut être acheté sur le marché spot à un peu plus de 30 centimes. Transformé en fromage et en beurre, ce lait bon marché entraîne des prix extrêmement bas pour ces produits, ce qui provoque un effondrement général des prix du beurre et du fromage. En conséquence, le prix du lait payé aux producteur·trice·s dans l’UE devrait chuter massivement dans les mois à venir. La baisse du prix LTO de -1,29 ct entre août et septembre n’est probablement qu’un début. De manière générale, les prévisions pour début 2026 tablent sur des prix producteurs nettement inférieurs à 50 centimes.
Les stocks de beurre en Suisse restent élevés
En Suisse, la courbe des stocks de beurre évolue latéralement, ce qui est inhabituel pour la saison. Cela indique que d’importantes quantités de lait continuent d’être transformées en fromages à faible teneur en matière grasse et en poudre de lait écrémé – générant ainsi de grandes quantités de crème, pour lesquelles la demande est actuellement très faible. En conséquence, l’IP Lait a décidé d’augmenter les exportations de matières grasses de 1500 tonnes supplémentaires par rapport aux décisions précédentes. Avec les exportations déjà décidées, environ 90 millions de kilos de lait devraient ainsi être exportés et achetés comme lait C. Les discussions sur la répartition de ces volumes sont encore en cours. mooh s’est d’ores et déjà engagée, au sein de la branche, à acheter au moins sa part correspondante, soit environ 26 millions de kilos de lait sous forme de lait C. Même si une grande partie de ces volumes destinés à l’exportation de matières grasses doit être vendue cette année à des conditions très basses, mooh ne pourra acheter les quantités de lait correspondantes sous forme de lait C qu’au premier semestre 2026. Cela pèse temporairement sur nos comptes.
Des livraisons élevées pèsent sur le marché
Les livraisons de lait à mooh en octobre ont été supérieures de +5,1 % à celles de l’année précédente. En novembre, les volumes restent pour l’instant stables à un niveau très élevé, avant la traditionnelle hausse saisonnière de décembre au printemps. Dans l’ensemble, nous prévoyons pour les prochains mois une augmentation d’environ 5 % par rapport à l‘année précédente. La période des Fêtes s’annonce donc comme un défi : bien que les capacités de transformation soient à nouveau largement disponibles après les révisions, les productions de Noël seront déjà terminées – alors que les marchés sont saturés. L’évolution positive vient du commerce de détail suisse, qui continue de bien fonctionner et maintient une demande stable pour les produits nationaux.
Ajustement du prix indicatif probable
L’incertitude autour de la prochaine décision de l’IP Lait concernant le prix indicatif renforce encore la prudence. Personne ne veut détenir de gros stocks de beurre, qui perdraient de la valeur en cas de baisse du prix indicatif. Une adaptation de ce prix réduirait l’écart avec l’étranger et, par conséquent, la pression des importations. En effet, plus la différence de prix est grande, plus la tentation est forte de remplacer les produits laitiers suisses par des importations meilleures marché – ce qui, en période de forte production nationale, serait particulièrement contre-productif. À la date de clôture de la rédaction, la date à laquelle l‘ajustement du prix indicatif aurait lieu n‘était pas encore connue.
Conclusion : la pression reste forte
Des prix internationaux en forte baisse, des volumes de lait très élevés et encore en hausse saisonnière, ainsi qu’un marché prudent, maintiennent une pression constante – tant sur les prix que sur les capacités. La question d’une répartition équitable des charges reste d’actualité et n’est pas encore résolue. Si cela ne se règle pas rapidement, un effondrement massif des prix sur le marché protégé pourrait suivre. L’ampleur potentielle est illustrée par les prix d’exportation du fromage industriel suisse, qui ont déjà chuté d’environ un tiers en raison de sous-enchères.
Prix internationaux des produits

Source: ZMB